Tout le monde peut se tromper!

Elle rentrait gaiement chez elle après être passée chez le marchand de fruits et légumes qui se trouvait à quelques rues de là.

Les passant la trouvaient bizarre et chuchotaient sur son passage. C’est vrai qu’avec son bibi rose bonbon et son style décalé, elle ne passait pas inaperçue. Elle et son vieux sac à main Dior en étaient conscients, les petits ricanement ne leur échappaient pas. Mais rien ne pouvaient enlever le sourire franc qui persistait sur son visage.

Elle s’essuya vivement les pieds sur le paillasson affichant welcome bien qu’elle ne reçût  plus personne depuis longtemps, ne serait -ce que les trois poils roux de son chat.

– Lily?

Elle sentit un frottement le long de sa jambe malgré les épaisses couches de vêtements qu’elle portait.

– Ah te voilà! dit-elle en se débarrassant de son manteau, si tu savais ce qui m’est arrivé aujourd’hui…

Elle soupira et s’assit lourdement sur le canapé en velours côtelé qui trônait au milieu du salon.

– J’ai vu M. Jack! dit-elle joyeusement. Et alors elle réalisa que ce qu’elle venait de dire était si absurde, qu’elle hésitait entre rire ou pleurer: le résultat ressembla plus à un grognement de Garfield qu’autre chose.

– Enfin tu as compris ce que je voulais dire… Je l’ai entendu quoi… Il m’a offert des petites bananes, ses meilleures qu’il m’a dit! Tu te rends compte! M. Jack m’a offert des bananes!

Lily se lova dans le creux que formaient les jambes de la vielle dame et s’endormit dans un soupir.

– Ma vie ne t’intéresse même plus on dirait! Elle la gratta derrière les deux oreilles, puis s’allongea et sentit la fatigue la gagner.

Bientôt leurs deux souffles se mêlèrent au doux bruit du crépitement des flammes dans la cheminée…

La sonnerie de la porte d’entrée retentit, venant briser le silence qui régnait dans la demeure. Elle se leva, poussa Lily (qui ronflait comme une locomotive!), et prit sa canne blanche qui était restait devant la porte d’entrée.

– Oui bonjour, c’est pour quoi?

– Un colis pour madame Louise Lemon, c’est bien ici? demanda un jeune voix.

– Allez-y entrer!

Elle s’écarta, la factrice s’essuya les pieds sur le vieux paillasson et entra.

– Vous devez être fatiguée, asseyez-vous, je vous en prie. Vous voulez boire quelque chose?

L’invitée choisit le fauteuil marron qui avait l’air d’être le plus moelleux.

– Vous auriez du café?

– Oui bien sûr!

– Merci beaucoup, je suis épuisée…

Louise mit sa cafetière italienne sur la gazinière et attendit que le café bout pour le servir dans de nouvelles tasses qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion d’essayer.

– Attention il est encore très chaud!

La factrice trempa un carré de sucre dedans pour qu’il fonde.

– Qu’est-ce que ça peut bien être? dit la vielle femme en déchirant le gros morceau de scotch qui fermait le paquet.

Sous le papier bulle se trouvait une sorte de jouet en plastique où un pompon pendouillait. La vielle dame toucha tous les recoins du jouet .

– Alors ? demanda la factrice

– C’est le jouet que j’avais commandé pour Lily ! dit la vielle dame très heureuse. Lily vient voir ce que maman t’a acheté !

L’intéressée rappliqua dare-dare, et se jeta sur sa maîtresse toute excitée.

– Oh, elle est belle ! s’extasia la jeune fille en tendant le bras pour la caressait.

– N’est ce pas ! dit fièrement Louise. Elle a bientôt un an ! Le jouet est pour son anniversaire.

– Dans ce cas elle a bien le droit a un petit morceau de sucre ! dit- elle en lui tendant le petit carré.

L’animal se lécha les babines à cette proposition…

– Mais ! On ne donne pas de sucre à un chat ! s’énerva la vielle dame.

– Oui mais lorsque c’est un chien, on peut, non ?

– C’est une chatte !

– Enfin madame, l’animal qui se trouve devant nous et bel et bien un chat !

– Taisez-vous, vous dites n’importe quoi !

Leurs deux visages se tournèrent vers la petite Jack Russell (qui s’amusait comme une folle avec son nouveau jouet), en quête d’une réponse.

– Miaou !!! fit- elle en se frottant le dos sur la moquette, les pattes en l’air et le sourire aux lèvres…

 

On n’ a rien à perdre!

Je m’appelle Clara, et je n’ai pas une vie comme les autres.

Je suis atteinte d’une maladie qui fait que je ne peux pas sortir de la maison. Le dehors me tuerait.

Pendant que ma mère vérifie ma température, je pense à Grand-père. Il m’attend surement sur le canapé comme chaque après-midi, j’imagine qu’il me demandera comment c’est passé ma journée. Alors je lui répondrai que j’ai relu pour la dixième fois Le petit prince,  tant j’ai le temps …

Je sors de ma chambre le sourire aux lèvres en m’attendant à le voir. Ce que je trouve c’est ma mère en pleurs au téléphone, alors je comprends. Je m’enferme dans ma chambre et compte les étoiles fluorescentes accrochées au mur que papa m’a donné. Ma mère toque doucement et entre, elle s’assoit sur mon lit et je me cale contre elle.

– A l’hôpital, il lui on dit qu’il ne survivrait pas à son voyage à Paris, tu sais il voulait voir  la tour Eiffel… Il ne l’a pas supporté. Je suis désolée chérie, je sais qu’il comptait beaucoup pour toi.

Elles m’embrassa sur le front, et sortit.

Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Mes pensées vagabondaient. Il n’avait pas eu le temps de réaliser  son rêve.

Brusquement je me suis redressée, une idée m’était passé par la tête , et décidément elle ne voulait plus sortir. J’allais me rendre à Paris .J’allais lui rendre un dernier hommage.

Je fis mon sac rapidement, enfilai mes baskets. J’entendais le doux ronflement qui provenait de la chambre de mère.

En prenant mon courage à deux mains, je sortis de la maison.

Un nouvelle facette du monde était là devant moi.

J’eus peur mais je continuai: direction le métro.

Autour de moi, il y avait de la foule. Je sentis mon cœur battre de plus en plus rapidement. C’était mon arrêt. A la sortie on m’offrit un ballon en forme de cœur portant le slogan I LOVE PARIS!. Devant moi la tour Eiffel. Ça y est j’y étais!

Je commençai à grimper. L’ascenseur était plein alors je continuai à marcher.  Arrivée en haut, toute essoufflée, je regardai le monde vue d’en  haut. Un petit garçon demanda à sa mère si on pouvait voler, je me dis qu’on a rien à perdre, alors je lâchai le ballon en forme de cœur, et je restai là, jusqu’à ce que la pluie se déchaîne.